Petite Pause Culture #1 : c’est Elisabeth Bieuville qui a rédigé toutes ces pauses culture pour la diffusion des newletters de l’AANR, il y a quelques années! J’avais à cœur de ne pas les laisser dormir dans les tiroirs, et qu’elles soient utiles au plus grand nombre.

Depuis l’avènement de l’accouchement en maternité, une autre donnée s’est rajoutée aux (r)évolutions engagées par l’hypermédicalisation de la naissance : l’hospitalisationen post-partum, autrement appelé séjour à la maternité. Ce séjour était d’une durée moyenne de sept jours dans les années 1970. Sous la pression des familles, les hospitalisations ont commencé à diminuer dans la durée, jusqu’à atteindre la moyenne de quatre jours que nous connaissons actuellement.

Le séjour à la maternité, à quoi ça sert ?

Certains vous diront « à vous remettre de l’accouchement », d’autres « à vérifier que tout va bien », quand d’autres encore affirmeront que c’est pour « vous apprendre à être parents ». Il faut cependant savoir que l’hospitalisation en post-partum dans le cadre d’un accouchement eutocique (sans complication) n’est généralement pas justifiée. Si une surveillance de la mère et de l’enfant durant les premiers jours suivant l’accouchement est effectivement nécessaire, celle-ci peut tout à fait se faire au domicile de la maman, avec une sage-femme libérale. En outre, l’apprentissage des gestes parentaux et la mise en place de l’allaitement maternel, si celui-ci est souhaité, sont nettement améliorés lorsque les jeunes parents n’ont qu’un seul interlocuteur. L’inconvénient de l’hospitalisation étant le phénomène de roulement des soignants, qui ne vont pas dispenser exactement la même information selon leurs propres formations, croyances et convictions. Au-delà de toutes ces considérations, il ne faut pas oublier que le séjour à la maternité n’est pas gratuit, et que le forfait hospitalisation ne peut être versé aux hôpitaux qu’après un certain délai de présence, variant de 48 à 72h selon les régions.

Mais alors, que disent les recommandations ?

La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande une durée des séjours « standard » de 72 à 96h pour un accouchement par voie basse, et de 96 à 120h pour une césarienne (mars 2014). La sortie est considérée comme « précoce » en dessous de 3 jours de présence en maternité. Sortir plus tôt est toutefois possible, notamment grâce au dispositif PRADO, initié en 2010 par l’Assurance Maladie, qui permet de mettre en place un suivi à domicile avec une sage-femme libérale. Le mieux est évidemment de trouver une sage-femme acceptant de vous accompagner pour vos soins en post-parrum avant la naissance, mais pas de panique, si vous n’y avez pas pensé et souhaitez finalement rentrer plus tôt chez vous, la plupart des maternités vous proposent de mettre en place ce suivi après l’accouchement. Il faut cependant rappeler que ces sorties dites « précoces » n’interviennent que rarement avant le 2ème jour d’hospitalisation.

Et si je ne veux vraiment pas être hospitalisée, que dit la loi ?

Selon l’article D6124-40 du Code de la santé publique, la surveillance d’un accouchement « se prolonge dans les deux heures qui suivent la naissance ». Passé ce délai, vous êtes donc tout à fait libre de rentrer chez vous, si vous et le bébé ne présentez pas de pathologie et si la naissance s’est déroulée normalement. Attention toutefois : lorsqu’une anesthésie a été posée (péridurale notamment), la sortie peut être retardée le temps que l’effet des produits disparaisse. Dans tous les cas, la loi Kouchner de 2002 vous permet de refuser une hospitalisation que vous ne jugez pas légitime, que ce soit pour vous ou pour votre enfant pour lequel vous détenez l’autorité parentale dès sa naissance.

Quid de la sortie contre avis médical ?

Il est possible que le médecin s’oppose à votre sortie précoce. Les raisons invoquées doivent être écoutées attentivement. Si toutefois, vous estimez que ces raisons ne sont pas suffisantes, alors que vous avez prévu un suivi hors de l’hôpital, vous pouvez sortir après avoir signé une décharge dans laquelle vous indiquez que vous souhaitez quitter l’établissement contre l’avis médical en toute connaissance des risques encourus. Cette décharge permet simplement de signifier que vous avez bien entendu l’opposition du médecin et que celui-ci ne pourra être tenu pour responsable d’une mauvaise information à votre égard.