Petite pause Culture #4

Merci à Elisabeth Bieuville pour cette article sur …


Le quatrième trimestre de la grossesse


On le sait tous : une grossesse, c’est trois trimestres. Chaque trimestre ayant sa propre évolution, ses étapes, ses ressentis, et ses propositions de prise en charge. Il est évident que les problèmes et questionnements rencontrés ne sont pas les mêmes à 2 mois qu’à 8 mois de grossesse, et les solutions possibles et proposées seront, elles aussi, différentes.
Ce qu’on connaît moins en revanche, c’est l’existence d’un quatrième trimestre, qui démarre dès le post-partum immédiat.
Il est aisé de croire qu’une fois l’enfant né, la normalité peut et doit revenir au plus vite au sein de la nouvelle famille. Mais en réalité, si la grossesse est une période de grande (r)évolution psychique, physique et hormonale, le post-partum l’est tout autant. Il est courant d’entendre parler de « baby blues », cette période normalement très courte durant laquelle il arrive que la nouvelle maman ait envie de pleurer et ressente un état de tristesse en décalage avec l’événement a priori heureux qu’elle vient de vivre. Cet état, qui n’est pas nécessairement présent chez toutes les femmes, peut s’expliquer en partie par la vertigineuse chute hormonale que subit la jeune accouchée immédiatement après la naissance. Ou plus précisément, après l’expulsion du placenta. Car c’est lui qui, dès le 4ème mois, produit toutes les hormones nécessaires au maintient de la grossesse.

Après la naissance, une période de transition s’opère durant laquelle l’ocytocine, l’hormone de l’amour et de l’attachement, joue un rôle prépondérant. Sécrétée dès que le bébé est en contact avec sa maman, elle encourage la mise au sein et ainsi, la production de lait. Environ trois jours après la naissance, la montée de lait a lieu et la prolactine est produite en grande quantité. La mise en place de la lactation peut mettre jusqu’à deux mois, période durant laquelle diverses adaptations auront lieu.


À cela s’ajoutent des changements physiques. Le corps a évolué durant la grossesse, et s’en retrouve modifié. Les organes internes, repoussés par le volume de l’utérus, retrouvent progressivement leur place, quand l’utérus, lui, se contracte pour reprendre sa taille et forme initiales. C’est à ce moment que peut apparaître le phénomène des « tranchées », des contractions puissantes qui s’intensifient souvent au moment des tétées. À l’inverse, les seins prennent du volume lors de la montée de lait et peuvent être sensibles, particularité qui s’estompera à mesure que la lactation se mettra en place.


Pour finir, une grande adaptation psychique est nécessaire pour la mère, mais aussi pour le père et les éventuels frères et sœurs, afin de s’habituer à l’arrivée du nouveau-né. Modification du rythme de sommeil, alimentation et éveil du bébé, et bien entendu, tous les questionnements entourant une relation naissante. Car, mettons enfin un bon coup de pied aux idées reçues : non, l’amour maternel (ou paternel !) n’est pas nécessairement immédiat, et il n’est pas rare que les parents aient besoin d’un peu de temps pour faire connaissance avec leur bébé avant de ressentir l’amour attendu. De plus, les nouveaux grands frères et grandes sœurs peuvent se montrer jaloux du petit nouveau, et le montrer par divers biais.
Cette période, parfois vécue dans une relative solitude, devrait faire l’objet d’une attention spéciale, car elle peut révéler des fragilités et difficultés particulières qui, si elles sont prises en compte à temps, auront toutes les chances de rester anecdotiques et de permettre aux jeunes parents de vivre sereinement leur nouveau rôle.

Tout ça me donne envie de vous parler prochainement de matrescence et de relevailles!