[SMAR 2021] Thème : « Respecter les besoins de la mère et du bébé quelles que soient les circonstances »
Quoi de mieux que d’être bien informé.e et préparé.e pour que les besoins de la mère et du bébé soient respectés quelles que soient les circonstances?
Petite Pause Culture rédigée par Élisabeth Bieuville
L’épisiotomie
De quoi s’agit-il ?
L’épisiotomie est une incision du périnée, pratiquée durant l’accouchement, au moment de la sortie de la tête du bébé. À savoir : le périnée est l’ensemble des muscles qui constituent le plancher pelvien et qui permettent de soutenir les organes du petit bassin et d’assurer la continence urinaire et fécale.
Quand l’épisiotomie est-elle pratiquée ?
Généralement :
- en cas d’extraction instrumentale (forceps, ventouses)
- en cas de présentation par le siège ou de présentations céphaliques particulières (notamment occipito-sacré)
- en cas de dystocie des épaules
- pour les périnées dits « à risque »- en cas de bébé en possible difficulté (prématuré ou présentant des anomalies du rythme cardiaque).
Pourquoi l’épisiotomie est-elle pratiquée ?
Ses bénéfices attendus sont multiples :
- prévention des déchirures importantes
- prévention de l’incontinence
- raccourcissement du temps d’expulsion lorsque le bébé « fatigue ».
Évolution, recommandations, préconisations
Après une période où les gynécologues recommandaient une systématisation de l’épisiotomie, et alors que les taux atteignaient 90% dans les années 1970, de nombreuses voix se sont élevées pour remettre en question l’épisiotomie de routine depuis les années 1980. Le recul que l’on a sur cette pratique a permis de prouver que les bénéfices attendus, notamment la prévention des déchirures graves, n’étaient que rarement atteints, alors que la iatrogénicité (les pathologies directement induites par l’épisiotomie) était importante. Saignements excessifs, infection, suture trop serrée, dyspareunie (douleurs lors des rapports sexuels)…, autant de conséquences qui peuvent avoir un impact majeur sur la vie future des jeunes parents, et en particulier de la jeune maman. En outre, l’incontinence elle-même est parfois provoquée par la section d’un nerf ou des déchirures sur épisiotomie. Partant de ce constat, l’OMS a classé l’épisiotomie de routine dans les actes à éviter. Elle préconise des épisiotomies réalisées au cas par cas et dans le respect du choix des femmes.
Si la France a un peu de mal à faire baisser ses chiffres (20% d’épisiotomies en 2016, avec des disparités importantes en fonction des régions et des établissements), certaines maternités sont arrivées à des chiffres vraiment intéressants, comme Besançon (1%) ou Nanterre (2%).
Comment l’éviter, puis-je la refuser ?
On ne le dira jamais assez : la clef pour accoucher, c’est la mobilité ! Donner naissance allongée sur le dos, les jambes relevées est un tour de force en soi ! La progression du bébé est plus compliquée, les poussées plus difficiles, la douleur plus importante et de fait, le périnée est beaucoup plus sollicité. Le meilleur moyen d’éviter l’épisiotomie reste de pouvoir bouger, ressentir et accoucher dans la position la plus confortable pour la maman. En outre, il est tout à fait possible de refuser l’épisiotomie en établissant un projet de naissance, et en discutant de votre décision durant votre suivi de grossesse à la sage-femme ou au gynécologue qui vous suit et également au soignant ou à l’équipe qui vous accompagnera le jour J.
Et si je déchire ?
Ce qu’il faut savoir sur les déchirures naturelles, c’est que la plupart sont petites et superficielles, contrairement à l’épisiotomie qui coupe en profondeur. Certaines déchirures n’atteignent même pas le muscle du périnée et cicatrisent très vite en quelques jours.
J’ajouterai au propos de Lisa : comme l’on doit vous demander votre consentement avant de pratiquer une quelconque intervention, vous êtes aussi en droit de refuser une épisiotomie le jour de l’accouchement. Ou de l’accepter. C’est à vous de faire des choix éclairés.