Parlons  de la douleur de l’accouchement : réalité, croyance issue de la culture judéo-chrétienne, mythe diffusé par les media, transmission intergénérationnelle… Autant d’explication à cette douleur, qui est à distinguer de la souffrance…

Article rédigé par Elisabeth Bieuville. Un grand merci à elle!

 

La douleur lors de l’accouchement, c’est quoi ?

 

D’après Blandine Poitel, dans son livre « Les nouveaux rites autour de l’accouchement« , la douleur lors d’un accouchement est estimée comme :

  • extrêmement violente par 25% des femmes
  • variable (de modérée à forte) par 50%
  • absente, voire proche du plaisir par 25%

Le fait même que la douleur lors de l’accouchement soit présentée comme inévitable et nécessairement insupportable est donc en soi une idée reçue.

Mais alors, d’où vient cette idée ?

 

Si l’on envisage l’accouchement d’un point de vue purement mécanique, la douleur peut s’expliquer par bien des aspects :
Les contractions puissantes du muscle utérin, la pression foetale sur le col de l’utérus, la dilatation de ce dernier, les sollicitations périnéales, les tractions sur le péritoine et les ligaments qui l’entourent… Les pressions sur la vessie et le rectum, et même la pression sur les os du bassin que la tête du bébé franchit tout juste !
Toutefois, le corps humain possède bien évidemment une capacité naturelle à donner naissance. Alors, si physiologiquement la douleur s’explique, quelles contreparties offre la nature ?
Hormones, confiance, mobilité…
En définitive, il existe plusieurs possibilités pour mieux accueillir les contractions. La toute première étant de ne pas considérer ces dernières comme nécessairement vectrices de douleur. Le corps en travail produit, s’il n’est pas dérangé, un cocktail d’hormones bienfaitrices. Outre l’ocytocine qui, en plus de provoquer les contractions, est l’hormone de l’attachement et de l’amour (oui, c’est de l’ocytocine qu’on produit lorsque l’on a un rapport sexuel !), le corps produit également de l’endorphine, hormone du bien-être et de la détente. De plus, la possibilité de mouvements offre l’opportunité à la femme en travail de limiter les pressions et tractions physiologiquement induites par la dilatation du col et la poussée du bébé hors du corps maternel, en adaptant ses positions à ses sensations et en s’aidant de l’attraction terrestre.

Mais, si la douleur n’est pas nécessaire, pourquoi autant d’énergie à vouloir la supprimer ?

 

Si l’on remet les choses dans leur contexte, il est aisé de comprendre que la douleur a des origines pathologiques et… politiques !
En effet, avant que le suivi de grossesse, la contraception et l’hygiène sous toutes ses formes n’existent, bien des femmes se retrouvaient à mettre au monde beaucoup d’enfants, dans des conditions de misère absolue, sur fond de maladie latente. La douleur n’avait alors plus rien de physiologique, mais représentait une réponse du corps face à la menace de la dystocie. De ce fait, cela a renforcé l’idée que l’accouchement est dangereux et douloureux, notamment lorsque les médecins ont commencé à s’intéresser de près à la naissance. Leur peur, mais aussi la transmission consciente et inconsciente, collective ou familiale, ont donné la part belle à cette douleur, l’associant systématiquement à la naissance.
Par la suite, le féminisme s’est approprié l’accouchement sans douleur, le voyant comme une libération et en faisant une revendication. La péridurale a alors intégré les salles de naissance, induisant également les protocoles médicaux, l’hypermédicalisation des naissances, et rendant toute tentative d’accouchement sans analgésie hasardeuse.

Cependant, si l’accouchement naturellement peu douloureux, voire orgasmique, existe bel et bien, pourquoi ne nous parle-t-on que de douleur ?

Tout simplement parce que notre société judéo-chrétienne ne nous a longtemps pas permis de nous affranchir de la douleur et d’oser affirmer qu’elle n’était pas ressentie par toutes les femmes ! La culture et la société ont un poids considérable sur les transmissions, accompagnements et donc ressentis des femmes.
En outre, parler d’accouchement est encore parfois compliqué au XXIè siècle ! On ne peut qu’imaginer à quel point c’était difficile pour nos mères et nos grands-mères d’aborder le sujet de la naissance orgasmique !

Alors, comment envisager la naissance autrement ?

En commençant par se renseigner, écouter des témoignages, (re)découvrir son corps et s’affranchir de l’hyper-médicalisation. Chaque femme produit des sensations qui lui appartiennent en propre, l’idée que l’accouchement ne soit pas nécessairement douloureux est déjà, en soi, une ouverture vers de nouveaux ressentis, de nouvelles expériences. Et, pourquoi pas, vers l’opportunité pour un nombre croissant de femmes, d’accepter que physiologiquement et hormonalement, donner naissance peut être un vrai plaisir… et aller jusqu’à l’orgasme !